GRAND FORMAT : Priorité, Formation

Bienvenue dans le premier Grand Format dédié au Sénégal ! 

Où se situe notre histoire ?

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Les 4 interlocuteurs de ce Grand Format se situent à Dakar, Mboro, Saly et Mbacké Kadior

Début Mai, après 2h épiques en 7-places (taxi partagé Peugeot 504 break NDLR)  le long de la côte Atlantique nord du Sénégal, je débarque à Mboro, ville de bord de mer, dans la jolie famille Lagnide Blaise. Edwige a grandit ici, et y amène plusieurs fois par an ses deux filles, Luana et Ciara que j’ai rencontré lors d’une présentation du Seed Tour dans leur classe d’espagnol, en France ! La commune marque le début de la région des Niayes, grande région maraîchère du Sénégal, j’ai hâte.

En arrivant, grand marché aux légumes, grandes étendues de champs de choux, on ne m’avait pas menti ! Et surtout, grand magasin « Engrais, Semences, Produits Phyto », le début de mon enquête est tout trouvé. 

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Vente d’engrais, semences et produits phytosanitaires à Mboro, Sénégal

Je me rends donc au magasin pour me renseigner sur les graines. Pour 2 hectares, Pepe le vendeur me conseille d’acheter 5 à 6 pots de graines d’oignons, très cultivés dans la zone, soit environ 3kg. Le pot de 500g de la variété la moins chère est à 22 500 francs CFA soit 34€. Pour acheter mes 3kg de graines, il me faudrait donc dépenser 204€, une fortune ! Pour vous faire une idée, j’ai payé mon trajet Dakar – Mboro 2000 francs, soit 3€. 

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Intérieur de la boutique, Mboro, Sénégal

Une fois les graines plantées, les plantes poussées, puis-je en récolter les graines pour les replanter ? Non, me dit Pepe, cela ne donnera qu’un faible rendement. Car ces graines sont faites pour bien pousser la première année, mais ensuite pour maintenir le rendement de ma production, il faut en racheter la même quantité l’année suivante. La graine devient donc un coût fixe, 204€ l’année. Si le prix de la boîte augmente ? Je m’aligne.

Evidemment, les grands parents d’Edwige ne cultivaient pas comme ça. A Dakar, je rencontre Ousmane Aly Pame, président du REDES (Réseau pour l’Emergence et le Développement des Ecovillages au Sahel) et grande figure de l’agroécologie sénégalaise. Il commente cette perte de savoirs traditionnels de reproduction de semences, “au nom de la modernité” :

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Jean est paysan à Mboro, et grand passioné de la terre

Alors que faire ? Il faut former les paysans et les jeunes, qui voudraient se lancer dans l’agriculture. Au Dakar Farmer’s Market, j’ai rencontré Joseph Mendy, agroentrepreneur, il a lancé la Ferme Ecoland, une ferme-école qui va pouvoir permettre aux jeunes de créer leur propre emploi en montant des entreprises agricoles. Je suis allée visiter la parcelle-test du projet, près de Saly :

Lors de mes premiers jours à Dakar, c’est Ellie qui m’emmène chez Maam Samba à Dakar, boutique de vente de produits textiles élaborés par la communauté Baye Fall de Ndem, région de Thiès.

Les Baye Fall suivent le guide spirituel Ibrahima Fall, disciple de Cheikh Ahmadou Bamba, père du mouridisme, qui est une branche de l’Islam. La voie Baye Fall les poussent à cultiver en agroécologie… et à utiliser des semences paysannes !

En formant les jeunes au Coran, ils les forment aussi à l’agroécologie. J’étais très curieuse de connaître la place des guides spirituels dans l’instauration de pratiques écologiques en agriculture. Je suis persuadée qu’ils ont un rôle clé dans le changement de notre agriculture.

Alors je suis montée dans la voiture de Fallou, avec Omar, Bilo et Oshane et nous sommes partis pour une semaine dans le village Baye Fall de Mbacké Kadior, réplique du village de Ndem dans la région de Louga :

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Fin de mon séjour à Mbacké Cadior

L’ONG Ndem constituée à partir de la construction du village Baye Fall de Ndem et en charge du développement du village de Mbacké Kadior fait partie du programme Biofermes Internationales, mené par l’association SOL qui est partenaire du Seed Tour ! SOL accompagne le village sur les formations à la reproduction de semences, et encourage les échanges de connaissances entre la France, le Sénégal et l’Inde.

Ousmane Aly Pame aussi a souligné l’importance du guide spirituel dans la démarche de transition agroécologique. Il explique les liens étroits entre Islam et écologie, et cite notamment l’exemple de Serigne Babacar Mbow, guide spirituel de la communauté de Mbacké Cadior :

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Passez la nuit à Mbacké Kadior : https://seedtour.org/seed-dive/

L’agriculture conventionnelle maintient les paysans dans une dépendance très forte. Le changement vient de ces solutions de formation mais aussi d’une prise de conscience du côté des producteurs. D’où vient-elle ? C’est à nouveau Ousmane Aly Pame qui prend la parole, et à qui je laisse la conclusion de ce premier Grand Format Sénégal :

Et vous ? Avez-vous constaté une perte de savoirs du côté de nos paysans ? Avez-vous identifié des solutions autour de vous pour former les producteurs à la reproduction de semences ? A l’agroécologie ? Si oui écrivez-nous à auriane@seedtour.org ! On postera votre solution dans la rubrique Seed With Us !

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